Les héros ça s'trompe jamais - Tome 2 by Marie Potvin

Auteur:Marie Potvin [Potvin, Marie]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-06-06T15:14:30+00:00

***

Annie était incapable de se concentrer sur son feuilleton, elle attendait impatiemment le retour de Jeannette. Elle zappa trois coups à la seconde pour revenir quatre fois sur la même chaine sans trouver de programme regardable.

Finalement, elle se leva pour mettre un DVD. Tiens, Horloge biologique devrait lui remettre les idées en place. Encore un rappel que les hommes sont des cons, comme si elle avait besoin de se le faire répéter.

Les bruits dans le couloir, c’était peut-être Jeannette ?

— Désolée ! J’ai cru que c’était mon amie.

— Ce n’est rien, répondit l’inconnu qui cherchait ses clefs.

Elle ne l’avait jamais vu malgré qu’elle connaisse tous les autres copropriétaires de son immeuble.

Il lui envoya un sourire étincelant. Contrairement à la plupart des hommes, il ne la scruta pas de haut en bas. Il devait être gay. Tous les hommes la détaillaient des pieds à la tête. Tout le temps.

— Oui, je viens tout juste d’acheter cet appartement et de m'installer.

— Alors, soyez le bienvenu, dit-elle.

Il s’avança vers elle pour lui serrer la main. Elle constata rapidement qu’il était un peu plus petit qu’elle-même. Sa veste de cuir, sa barbe naissante et ses jeans lui donnaient un air de rebelle. Ce n’était vraiment pas déplaisant à regarder. Il avait déposé son sac pour s’approcher.

— Robert Tardif.

— Annie Simard.

— Enchanté, Annie.

Comme ils restaient sans bouger ni parler, Annie coupa court à l’entretien.

— Bon, je dois rentrer ! Bonne soirée !

Jeannette suivit très peu de temps après.

— Pourquoi fermes-tu la porte comme j’arrive ?

— Ah, te voilà ! J’étais juste allée voir dans le couloir si tu étais là, j’avais entendu des bruits.

— Pas laid le monsieur, hein ? lança Jeannette.

— Dis donc, tu te remets vite en selle.

— J’ai vu Sylvain, rassure-toi, tout va bien. Je crois que tout compte fait, je suis un peu soulagée.

— Tu blagues !

— Non, je ne blague pas. Plus les jours passent, plus je pèse les pour et les contres, et plus je suis contente qu’on ait mis fin à cette mascarade.

— Ce n’était pas une mascarade ! Tu charries.

Jeannette se rendit compte qu’elle avait été vraiment habile durant tous ses mois pour cacher leur véritable relation. Elle vint s’asseoir près d’Annie.

— Tu ne pourrais pas deviner la dernière fois qu’on a fait l’amour avant la rupture.

— Mais vous parliez de faire un bébé. Qu'es-tu en train de me dire là ? Voyons donc !

— Un mois.

Le visage d’Annie tomba.

— Je suis en bas de ma chaise.

— Et la fois d’avant ? Trois mois. C’était comme ça. Comme tu peux le constater, c’était terminé avant que ça s'arrête ! Au fond, je pense que je voulais un petit pour me redonner la magie que j’ai perdue.

— Mon Dieu, c’est terrible.

— Ce n’est pas si pire, tu vois, maintenant je me sens libre et légère. Il y a le désagrément de séparer les biens, mais c’est pas cher payé pour retrouver ma liberté sans douleur ni enfant.

— Je t’envie.

— Tu aurais aimé que ce soit facile pour toi aussi ?

— Oui, j’aurais tellement aimé me sentir légère après ma rupture.

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